dimanche 27 mars 2011

Spiritisme, occulte et photographie avec Mumler, Buguet et Arthur Conan Doyle


Je tiens à préciser que cette petite incursion dans l'histoire du spiritisme n'est pas destinée à discréditer cette pratique que je respecte particulièrement, il s'agit juste de partager quelques clichés que je trouve particulièrement pittoresques.
Il va de soi que dans toute discipline, il y a en opposition des personnes sincères et des opportunistes qui nuisent à celles-ci.



Apparu à la fin des années 1840, le spiritisme croit à la possibilité de communiquer avec l'esprit d'un mort ou de le faire réapparaître.


Dès les années 1860 aux États-Unis, puis à partir des années 1870 en Europe, plusieurs photographes, mettant en avant leurs pouvoirs médiumniques, se spécialisent dans la production de photographies montrant, à côte du modèle, l'effigie translucide d'une personne décédée ou l'apparition de phénomènes fluidiques.


Cette première phase de la photographie spirite, essentiellement mercantile, est marquée par de multiples procès qui, selon leurs verdicts, favorisent ou limitent le développement de la pratique. Les millions de morts de la première guerre mondiale sont à l'origine d'une forte recrudescence de la photographie spirite en Europe. C'est surtout en Angleterre que se développe cette deuxième phase de la photographie spirite, cette fois-ci davantage expérimentale que commerciale.


La photographie spirite du tournant du siècle dernier représente un véritable mouvement de caractère historique. Elle est pratiquée par des pseudo-scientifiques regroupés dans des associations ou par des amateurs.

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Monsieur Gueret et son frère noyé
Projetons-nous maintenant en 1873, au 5 de la Rue Montmartre, chez le photographe spirite Jean Buguet. 

Au départ, c’est un ami, comédien au théâtre de la Gaîté, qui lui fait découvrir en 1873 l’existence des « photographies spirites » en lui montrant les clichés d’un Américain, Mumler, photographe spirite américain qui travailla principalement à New-York et Boston.

                                                                  Les fantômes de Mumler

                                                     Mary Todd Lincoln et son défunt mari

C'est en assistant  à des séances de spiritisme chez un médecin qu'il rencontra Pierre Leymarie, membre de la Société Spirite.



 Après plusieurs essais, un accord est conclu : la Société spirite consent à Buguet un prêt de 3 500 francs à rembourser en fournissant les photographies qu’elle se charge de revendre à ses abonnés, à la place des reproductions des clichés américains – plus coûteux – que réalise un autre photographe parisien.


                                                                Madame Allan Kardec

Alerté par une plainte des portraitistes professionnels, qui considéraient cette manifestation des esprits comme une concurrence déloyale, le Service photographique de la Préfecture de Paris diligenta une enquête et pris le médium photographe en flagrant délit de falsification. Une seconde chambre de développement fut ainsi découverte, ainsi que la complicité de deux apprentis homme et femme se grimant selon la description du client, et dont l’image était ajoutée en surimpression du portrait posé. Lors de son procès en 1875, Jean Buguet dévoila son mode opératoire, qui incluait également un mannequin articulé auquel on ajoutait une photographie de visage choisie parmi 300 portraits.




Bien avant de s’intéresser au spiritisme et à la psychographie, Conan Doyle avait pratiqué l’art de la photographie et écrit plusieurs articles sur sa technique, publiés de 1881 à 1885, il fut l'un des défenseurs de la photographie spirite.


Selon lui, on ne peut que  "se sentir subjugué par l’effet cumulatif “de tant de cas" dûment attestés. Il affirme qu’"une extrême incrédulité est encore plus désastreuse qu’une extrême crédulité", et pose le principe qu’il faut préférer l’improbable à l’impossible...personnellement, je ne peux qu’approuver cette phrase !

 Sir Arthur and Lady Conan Doyle (1820)