samedi 4 juin 2011

Diane Arbus entre freaks, émotion et différence


"J’aime par-dessus tout aller où je n’ai jamais été"(Diane Arbus)

Diane Arbus, de son vrai nom Diane Nemerov (le poète Howard Nemerov était son frère), est née le 14 mars 1923,  pionnière de la photographie, elle aimait photographier les marginaux, les monstres de foire, freaks, les malades mentaux, personnages qui exerçaient une véritable fascination sur son esprit.

Attirée par le monde du cirque et par tous ceux qui sont différents, elle dresse le portrait d'une Amérique hors norme. Elle mène une réflexion sur l'identité et l'apparence, ce qui l'amène à photographier des travestis, des gens fardés et déguisés.

Les individus photographiés posent en regardant l'appareil de face, conscients de leur collaboration avec l'artiste. Le regard des modèles implique directement le spectateur dans l'image. "Je vois quelque chose qui a l'air merveilleux, je vois le divin dans les choses ordinaires" écrit l'artiste.

Chez elle, elle accroche des photos de famille ou ses propres images, des mots, des idées, des rêves qu'elle relate, car elle possède aussi une plume. Dans les magazines américains, c'est elle qui écrit et prend les photos, c'est rare. Ses carnets débordent de projets.

Elle fait des inventaires de sujets à traiter : en vrac : "gangsters, homosexuels, mariages, anniversaires, zoo, aquarium"... Et entre deux dépressions, la photographe fonce, découvre, approfondit, part en quête de la dignité d'une personne, au-delà de son apparence. L'un de ses derniers reportages porte sur des retardés mentaux, dans le New- Jersey, des filles et des femmes trisomiques à la campagne jouent et rient, s'envolent même.

Arbus joue de la lumière et de la légèreté du moment. C'est sublime. Pourtant, elle décide de s'arrêter là le 26 juillet 1971, souffrant d'une grave dépression, alors qu'elle se trouve à Greenwich Village, elle avale une grande quantité de barbituriques et s'ouvre les veines.



"Si j'étais simplement curieuse, je pourrais difficilement dire à quelqu'un : "Je veux venir chez vous et vous parler et vous faire raconter l'histoire de votre vie". Mais l'appareil photo est une sorte de passeport. Beaucoup de gens tiennent à ce que l'on s'intéresse à eux et ce moyen-là paraît raisonnable."(Diane Arbus)



"Les Chinois ont cette théorie que l'on passe par l'ennui pour arriver à la fascination et je pense que c'est vrai. Je ne choisirais jamais un sujet pour ce qu'il signifie pour moi ou pour ce que j'en pense. Vous n'avez qu'à choisir un sujet et ce que vous ressentez à son sujet, ce qu'il signifie, commence à se dévoiler - simplement en choisissant un sujet et en le pratiquant suffisamment."(Diane Arbus)



"J'avais toujours pensé que la photographie était une occupation diabolique. C'était là un de mes sujets de réflexion favoris, et je me suis sentie vraiment perverse la première fois où je m'y suis livrée."(Diane Arbus)