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dimanche 26 octobre 2008
FELICIEN ROPS
Rendons hommage à ce grand artiste belge qui illustra les meilleurs écrivains de son époque, tels Peladan, Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, dès sa rencontre avec ceux-ci, chacune de ses oeuvres, "l'infâme Fély", suscite des scandales retentissants.
C'est en 1864 qu'il rencontre Baudelaire, très vite liés, il illustre son recueil de poèmes "Les Epaves", dès lors, Rops fut propulsés parmis les illustrateurs les plus prisés des écrivains.
Le peintre dont l'inspiration est souvent littéraire, aime à transposer en signes plastiques un certain satanisme baudelairien ou le gôut pour le démoniaque cher à Barbey d'Aurevilly.
"Ma Pornocratie est faite. Ce dessin me ravit. Je voudrais te faire voir cette belle fille nue chaussée, gantée et coiffée de noir, soie, peau et velours, et, les yeux bandés, se promenant sur une frise de marbre, conduite par un cochon à "queue d'or" à travers un ciel bleu. Trois amours - les amours anciens - disparaissent en pleurant (...). J'ai fait cela en quatre jours dans un salon de satin bleu, dans un appartement surchauffé, plein d'odeurs, où l'opopanax et le cyclamen me donnaient une petite fièvre salutaire à la production et même à la reproduction."
Lettre de F.Rops à H.Liesse, 1879.
"L'Initiation Sentimentale", pour Peladan.
"Les Epaves", Charles Baudelaire
Les Métamorphoses du Vampire
La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
— « Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j’étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! »
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
À mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.
"Le sphinx", frontispice pour "Les Diaboliques", de Barbey d'Aurevilly
"Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre." Charles Baudelaire.