Pages
▼
vendredi 6 février 2009
Arthur Rimbaud
Etoile filante de la poésie française, le nom d'Arthur Rimbaud continue de briller parmi les plus grandes lumières de la littérature. Elève précoce, il est remarqué par un professeur aux idées révolutionnaires, Georges Izambar, pour ses dons en latin et en rhétorique, mais aussi pour sa révolte et sa soif d'évasion. Ce dernier va initier le jeune homme à la poésie moderne et lui ouvrir les portes de sa bibliothèque. C'est le début de l'envol de Rimbaud qui, très vite, va choisir de se rendre à Paris. Vie d'errance et de débauche, c'est dans la capitale qu'il fait la rencontre de Verlaine, déjà fervent admirateur du jeune prodige. Naît alors une relation passionnée et tumultueuse qui deviendra légendaire, notamment à cause du fameux épisode de Bruxelles où Verlaine, brisé par la possibilité d'une rupture, blesse son amant par balle. C'est à cette époque que le jeune poète va écrire ses deux recueils majeurs, 'Les Illuminations' et 'Une saison en enfer'. Mise en vers du 'dérèglement des sens' prôné par le poète, l'oeuvre de Rimbaud s'attache à explorer les méandres de l'âme, de la perception, et de l'imaginaire, et contribue ainsi à bouleverser de manière profonde la poésie symboliste. En 1975, Arthur Rimbaud cesse d'écrire, part pour Londres, s'engage dans l'armée des Indes néerlandaises puis devient trafiquant d'armes, laissant derrière lui une oeuvre fulgurante et atemporelle.
Le Mal
Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;
Tandis qu'une folie épouvantable, broie
Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ;
- Pauvres morts dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature, ô toi qui fis ces hommes saintement !... -
- Il est un Dieu qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or,
Qui dans le bercement des hosanna s'endort,
Et se réveille quand des mères, ramassées
Dans l'angoisse et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !