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mardi 31 mai 2011

D'Aleister Crowley à la peinture alchimique avec Christopher Ulrich

                                                                  Le Magicien (Aleister Crowley)

 "Qui nous appelle Thélémites ne se trompera pas, s’il regarde d’assez près le mot. Puisqu’il recèle Trois Grades, l’Ermite et l’Amoureux et l’homme de la Terre. Fais ce que tu voudras sera toute la Loi."

Ci-dessus "I am surprised"...les derniers mots d'Aleister Crowley

                                                                          Satan


Peintre ésotérique, mystique et alchimique, Christopher Ulrich nous ravit avec ses surprenantes peintures philosophiques. La saga présentée porte le nom de " Demoneater"



"J'ai fait un voyage à travers la peinture alchimique. La première série a été appelé Demoneater, elle représentait l'oeuvre au noir." (Christopher Ulrich)


Le réalisateur Guillermo Del Toro a procédé à une recherche internationale afin de trouver des artistes pour illustrer son film, "Le Labyrinthe de Pan",  parmi les centaines de milliers de candidats, Christopher Ulrich a été sélectionné.

                                                    Croquis pour "Le Labyrinthe de Pan"


"Comment dessiner une pomme"

Kali      
                                                         


lundi 30 mai 2011

The Butcher Boys et l'univers hybride de Jane Alexander

                                                          The Butcher Boys
Née en 1953 à Johannesbourg (Afrique du Sud), Jane Alexander vit et travaille au Cap.
L'univers plastique de Jane Alexander est mélancolique, désabusé. La figure pleinement humaine y est quasiment absente, laissant place à des créatures bestiales. Des monstres créés et façonnés par l'homme.

Enfermé chacun dans une perspective de plus en plus égocentrique, notre isolement fait ressortir le pire. Obnubilés par nos besoins irrationnels de protection et de sécurité face à l'Autre, nous avons développé des stratégies de remparts de plus en plus honteuses, sans jamais avoir appris la leçon de l'Histoire.

Dans ses premières oeuvres, elle crée des sculptures hybrides visant à utiliser la violence avec des formes inertes. « Bucher Boys » (1985-1986), qu’elle réalise alors qu’elle est encore étudiante, relève de cette démarche.

Ses personnages moulés dans le plâtre, sont ensuite peints à l'huile. La palette de couleurs sélectionnées par l'artiste est restreinte, pâle et organique. La précision anatomique et les détails physiques l'amènent à des réalisations hyperréalistes.

Elle revêt les corps de plâtre, de vêtements, accessoires et autres éléments trouvés comme des os ou des cornes animales. Les corps hybrides qui peuplent son univers protéiforme installent immédiatement un malaise avec le spectateur.

Difficilement identifiables, ils inspirent la crainte et font surgir toutes sortes de peur. Une fois l'étape du malaise dépassée, une forme de dialogue s'installe avec ses corps à la fois étrangers et familiers.

Selon les termes de l'artiste, ils sont "une distillation et une interprétation imaginaire de la recherche, de l'observation, de l'expérience et du ouï-dire des différents aspects des systèmes sociaux qui influencent le contrôle et la régulation des groupes et des individus, qu'il s'agisse d'humains ou d'autres animaux.". Les créatures hybrides sont des "humanimaux", une fusion égale entre le genre humain et le monde animal.

Mais sa sculpture ne se réduit pas à une seule lecture. Les photomontages qui accompagnent ses créations sont autant d’interprétations possibles.

Antonin Artaud, du Théâtre de la Cruauté au Rite du Soleil Noir

Antonin Artaud et Cécile Brusson, dans l'interprétation du Moine de Lewis.

“Nul n'a jamais écrit, peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer.”(Antonin Artaud)
.


Le Théâtre de la cruauté est un terme introduit par Antonin Artaud, "ce mot de cruauté doit être pris dans un sens large, et non dans le sens matériel et rapace qui lui est prêté habituellement", il s'agit de désigner la forme dramatique à laquelle il travailla dans son essai Le théâtre et son double.

Derrière "cruauté" il faut entendre "souffrance d'exister". L'acteur doit brûler les planches comme un supplicié sur son bûcher. Selon Artaud, le théâtre doit recouvrer sa dimension sacrée, métaphysique et porter le spectateur jusqu'à la transe.


Ci-dessus : Josette Lusson se jette aux pieds d'Artaud, sous le regard de Cécile Brusson et Juliette Geneste.
Ci-dessus un auto-portrait réalisé pendant un internement.


Selon Artaud, pour que le théâtre redevienne grave et que les événements ne le dépassent pas, le théâtre doit abandonner le primat de l'auteur pour celui du metteur en scène. Les mots ne doivent pas être utilisés pour ce qu'ils sont, mais plutôt "dans un sens incantatoire, vraiment magique – pour leur forme, leurs émanations sensibles et non plus seulement pour leur sens", "il ne s’agit pas de supprimer la parole articulée, mais de donner aux mots à peu près l’importance qu’ils ont dans les rêves".

En s'éloignant du texte, Artaud veut s'éloigner du réalisme pour pousser le théâtre à cesser de se "borner à nous faire pénétrer dans l’intimité de quelques fantoches"  et "de l’arracher à son piétinement psychologique et humain".

Les thèses d'Artaud n'ont jamais été appliquées telles quelles, ni par lui, ni par aucun dramaturge, mais elles ont exercé une influence décisive sur le théâtre contemporain.

Ci-dessus, Antonin Artaud contemple Josette Lusson poignardée.
Ci-dessus, une photo datant de 1927 (le photographe m'est inconnu ?)

"Il y a dans tout dément un génie incompris dont l’idée qui luisait dans sa tête fit peur, et qui n’a pu trouver que dans le délire une issue aux étranglements que lui avait préparés la vie."(Antonin Artaud)

"A jamais la jeunesse reconnaîtra pour sien cet oriflamme calciné."(André Breton)

"En 1936, lors de son voyage au Mexique, il s'était rendu [...] chez les Indiens de la Sierra Tarahumara dans l'espoir d'y retrouver le secret d'une poésie symboliquement efficace, corporelle et vivante. Initié à leurs rites au cours d'un séjour de plus d'un mois, il écrivit à son retour en France et pendant plus de dix ans nombre de textes retraçant cette expérience."

Voici un des écrits ; "Tutuguri, le Rite du Soleil Noir", est un texte consacré au rite du peyotl chez les Tarahumaras.

Tutuguri, Le Rite du Soleil Noir

Et en bas, comme au bas de la pente amère,
cruellement désespérée du cœur,
s'ouvre le cercle des six croix,
très en bas,
comme encastré dans la terre mère,
désencastré de l'étreinte immonde de la mère qui bave.
.
La terre de charbon noir
est le seul emplacement humide
dans cette fente de rocher.
.
Le Rite est que le nouveau soleil passe par sept points
avant d'éclater à l'orifice de la terre.
.
Et il y a six hommes,
un pour chaque soleil,
et un septième homme
qui est le soleil tout cru
habillé de noir et de chair rouge.
.
Or, ce septième homme est un cheval,
un cheval avec un homme, qui le mène.
Mais c'est le cheval
qui est le soleil, et non l'homme.
.
Sur le déchirement d'un tambour et d'une trompette longue, étrange,
les six hommes, qui étaient couchés, roulés à ras de terre,
jaillissent successivement comme des tournesols,
non pas des soleils, mais sols tournants, des lotus d'eau,
et à chaque jaillissement, correspond le gong de plus en plus sombre
et rentré du tambour
jusqu'à ce que tout à coup on voie arriver au grand galop,
avec une vitesse de vertige,
.
le dernier soleil,
le premier homme,
le cheval noir avec un
homme nu,
absolument nu
et vierge
sur lui.
.
Ayant bondi, ils avancent suivant des méandres circulaires
et le cheval de viande saignante s'affole et caracole sans arrêt
au faîte de son rocher, jusqu'à ce que les six hommes
aient achevé de cerner complètement les six croix.
.
Or, le ton majeur du Rite est justement L'ABOLITION DE LA CROIX.
.
Ayant achevé de tourner
ils déplantent les croix de terre
et l'homme nu sur le cheval
arbore,
un immense fer à cheval
qu'il a trempé dans une coupure de son sang.




mercredi 25 mai 2011

Jean Cocteau entre Orphée, le Sang d'un Poète et la Belle et la Bête....

"Ce qui caractérise notre époque, c'est la crainte d'avoir l'air bête en décernant une louange, et la certitude d'avoir l'air intelligent en décernant un blâme."(Jean Cocteau)

Esprit artiste, esthète au tempérament de dandy, il publia ses premiers poèmes dès 1909 et devint une des figures à la mode du Tout-Paris, il côtoya la plupart de ceux qui animèrent la vie artistique de son époque. Il fut l'imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d'innombrables artistes et posa sa touche inspirée sur tout ce qu'il créa avec une grâce particulière, une originalité de tous les instants et une intuition rare.
Coco Chanel et Jean Cocteau en 1924 (Le Train Bleu)
"Les mauvaises moeurs sont la seule chose que les gens prêtent sans réfléchir." (Jean Cocteau)
Cocteau couché avec un masque,1927 par Berenice Abbott

"Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue, tu dis que tu aimes les chiens et tu leur mets une laisse, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu m'aimes alors moi j'ai peur."(Jean Cocteau)
"J'ai la peau de l'âme trop sensible. Il faudrait apprendre à son âme à marcher pieds nus. S'y faire une corne. Se répéter la sentence chinoise : "Rétrécis ton cœur" (Jean Cocteau)
"Tout ce qu'on fait dans la vie, même l'amour, on le fait dans le train express qui roule vers la mort"(Jean Cocteau)
"Le rêve est la forme sous laquelle toute créature vivante possède le droit au génie, à ses imaginations bizarres, à ses magnifiques extravagances."(Jean Cocteau)

Le Testament d'Orphée
Frappé par une balle, le poète Jean Cocteau rebondit dans un autre temps, où il retrouve ses propres créations : le jeune Cégeste, la Princesse, le fidèle Heurtebise. Ils le condamnent à la vie pour crime d'innocence. Portant en guise de talisman une fleur d'hibiscus, Cocteau reprend sa route et va explorer la "zone intermédiaire". Là continuent de vivre ses divinités et ses symboles favoris.
"Les miroirs réfléchissent trop. Ils renversent prétentieusement les images et se croient profonds"(Dialogue du film "Le Testament d'Orphée)
La Belle et la Bête

"Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images."(Jean Cocteau)

“Il n’existe que deux manières de gagner la partie : jouer coeur, ou tricher. Tricher est difficile ; un tricheur pris est battu. Jouer coeur est simple. Il faut en avoir, voilà tout. Vous vous croyez sans coeur. Vous regardez mal vos cartes.”(Jean Cocteau)
Le Sang d'un Poète
"Je sais que la poésie est indispensable, mais je ne sais pas à quoi."(Jean Cocteau)

"J'ai l'orgueil des vices qu'on me prête ; je suis moins fier des vices que j'ai !"(Jean Cocteau)