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samedi 6 avril 2013

Les Morts-Vivants ou le Syndrome de Cotard



Jules Cotard (1840-1889) fut un neurologue et psychiatre français qui étudia l'ensemble des symptômes d'une variété de mélancolie délirante et étrange que l'on appela "Syndrome de Cotard".

Le délire de négation du corps, décrit par Cotard en 1880 peut se résumer par ceci : le malade, après avoir développé des préoccupations hypocondriaques et des troubles cénesthésiques, sent ses organes se putréfier et se détruire (le sujet pense que certains de ses organes sont "pourris", "bouchés" ou "transformés en pierre", ou bien qu'il n'a plus de bouche, etc.),. 
Ensuite, il en nie l'existence (le sujet pense ne plus avoir de corps,ou bien être déjà mort) et étend enfin sa négation au monde extérieur et à sa propre existence. 

N'étant plus vivant, il ne saurait mourir, ce qui est vécu comme une damnation. Ce syndrome, qui mène à la prostration anxieuse, parfois à l'automutilation et au suicide, est un des délires secondaires de la mélancolie. On peut le rencontrer aussi dans la paralysie générale et dans certains états confusionnels.

Les patients atteints du syndrome de Cotard ne sont par ailleurs pas toujours « fous », dans le sens où ils tirent des conclusions étonnamment logiques de ce qu’ils croient être leur état. Il est donc commun que ceux-ci se pensent immortels, atteints d’un mal incurable (il est très difficile d’estimer le nombre des personnes atteintes par le syndrome, dans la mesure où celles-ci ne consultent presque jamais un médecin, dont l’action serait forcément vaine à leurs yeux) les condamnant à errer éternellement sans délivrance possible. C’est en partie ce qui explique le taux de suicide extrêmement élevé pour ces malades.

Le cas le plus emblématique, présenté par Cotard lors d’un discours prononcé à Paris en 1880, est celui d’une certaine « Mademoiselle X » qui, après avoir violemment nié l’existence de Dieu, du Diable et du monde sensible, en vint à réfuter celle de plusieurs de ses organes. Elle cessa ensuite de s’alimenter, avant que l’aggravation de son délire ne la pousse à croire à sa damnation éternelle et à l’impossibilité d’une mort naturelle. On retrouve donc chez ce cas remarquable toutes les étapes potentielles du développement du syndrome. Malheureusement pour elle, elle finit par mourir de ne plus s’être alimentée, sans toutefois avoir jamais déclaré souffrir de la faim. Comme de nombreuses pathologies mentales, le syndrome de Cotard possède la capacité de supprimer certaines sensations physiques chez ceux qui en sont atteints.