Pages
▼
jeudi 24 novembre 2016
Les crânes honorés de la "Fiesta de las Natitas" en Bolivie.
En Bolivie comme dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, c’est en musique et en couleurs qu’on honore ses défunts. Leur crâne ou natitas sont alors décorés, ils sont ici symboles de protection.
Une semaine après la toussaint, le peuple Aymara honore le lien spécial gardé avec les esprits des défunts.
Ce rituel remonte à l'époque précolombienne avant l'arrivée des colonisateurs espagnols.
Selon la conception du "corps mort" andine, la vie de l'âme est liée au crâne.
C'est le "Jour des "ñatitas", leur surnom affectueux : les "petits nez plats" (désignant l'absence de nez des crânes), une expression du syncrétisme religieux si présent sur l'altiplano bolivien, à l'image aussi du très couru Carnaval d'Oruro (ouest), qui emprunte au catholicisme et au démon andin Supay.
Selon la tradition populaire andine, aymara surtout, les ñatitas assurent protection à la famille, au négoce, apportent santé, prospérité. Mais à condition de les choyer: occupant souvent une place de choix au foyer, on leur parle, on leur offre des fleurs, à manger, à boire, des cigarettes même.
Au cimetière général de La Paz, les fidèles font des offrandes à leurs natitas, fleurs, bonbons, feuilles de coca , cigarettes ou alcool dans l’espoir d'obtenir des faveurs et des protections.
L‘église catholique ne cautionne pas cette tradition mais les croyants remplissent les églises et remercient les crânes qu’ils croient les avoir aidés tout au long de l’année.
"Il s’appelle Basilo explique une Bolivienne en montrant le crâne de son ancêtre. Il prend soin de notre maison, il a fait en sorte que nous ayons assez d’argent."
"Il faut faire comprendre aux gens qu'il n'est ni nécessaire ni convenable de porter des restes humains tirés des tombes ou des temples, mais qu'il faut les laisser reposer en paix", recommandèrent les évêques boliviens....
Mais heureusement, à voir la foule et le décompte de crânes chaque 8 novembre au cimetière général de La Paz, la conférence épiscopale reste clairement impuissante face à ce rituel, bien ancré, et qui souvent s'accompagne de libations tard dans la nuit.
Toutes les photos sont de PAUL KOUDOUNARIS