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vendredi 20 juillet 2012

Entre zombies et rites funéraires chez les Torajas



Les Torajas sont un groupe ethnique indigène d'une région montagneuse du Sulawesi du Sud, en Indonésie
Chez les Torajas, les rites funéraires sont très importants. L'enterrement officiel peut avoir lieu longtemps après la mort. Tant que la cérémonie funéraire n'a pas eu lieu, la personne est considérée comme "malade", to masaki' en langue toraja.

Les défunts sont toujours honorés en grande pompe (jusqu'à cent buffles sacrifiés pour une famille riche) dans des sépultures traditionnelles.
Sur les flancs des montagnes qui parsèment le Tana Toraja (pays Toraja), des trous sculptés dans la roche font office de caveau familial. Des balcons taillés à même la roche, les tautaus, des statues à l'effigie des morts, saluent les vivants.


Les festivités s’étendent sur deux ans. Elles sont offertes par de riches familles qui, parfois, s’associent. Les fêtes réunissent souvent plusieurs milliers de personnes.  Le premier buffle est toujours sacrifié à l’ouest de la maison, on lui tranche la gorge à l'aide d'un violent coup de parang, une sorte de machette.Les enfants se précipitent pour recueillir le sang dans des tubes de bambou. Les Toraja croient que les buffles accompagnent le défunt au pays des morts.

La caractéristique unique est l'enterrement dans des tombes creusées dans des falaises, avec des balcons où sont posées des poupées à l'effigie des défunts. Chaque caveau, fermé par un système de verrouillage secret, abrite les membres d'une même famille. Les corps sont enveloppés dans des linceuls ornés d'or, et le pillage des sépultures est considéré comme le crime le plus grave. Les tau-tau (mot dérivé de tau ou to, "personne", la réduplication indiquant un affaiblissement du sens), effigies de bois, sont placées dans des niches à côté des tombeaux. Sculptées à l'image des défunts, elles honorent leur souvenir. Ainsi les vivants peuvent contempler les morts et inversement. Les tau-tau en bois de jacquier sont sculptés par des spécialistes qui ont, aussi, une fonction religieuse : ils intercèdent auprès des dieux. La position des mains est rituelle, une main, paume tendue vers le ciel, reçoit les bienfaits que l'autre rend. Seuls les nobles, to parange' (c'est-à-dire les garants de la tradition) ont droit à leur effigie. Le coq symbolise le courage, le sens de la justice. Les combats de coqs organisés lors des funérailles sont des témoignages de la grandeur d'âme du défunt.


Les coutumes singulières des Toraja façonnent le paysage. Au milieu de l'infini des rizières s'élèvent les spectaculaires maisons traditionnelles. Construites sur pilotis, les tongkonan (maisons Toraja) sont chapeautées d'un long toit élancé, pointé vers le ciel à chaque extrémité. Chaque façade est ornée de panneaux de bois sculptés et décorés de motifs dans des tons jaunes, rouges ou noirs. Souvent, les familles voulant faire montre de leur prospérité exhibent aussi une ou plusieurs paires de cornes de buffle. Forcément. On ne met pas les cornes dans le pa' piong.

Des balcons taillés à même la roche, les tautaus, des statues à l'effigie des morts, saluent les vivants


Revenons maintenant à nos zombies....

Si la famille est démunie, le corps du défunt est parfois placé dans un cercueil provisoire afin que la famille épargne les fonds nécessaire pour un enterrement correct.  Dans tous les cas, l'enterrement se fait au bout d'une très longue période.

Il semblerait que certains Toraja croient que les morts peuvent marcher eux-mêmes à leur nouvel emplacement, ainsi le cadavre momifié est enlevé de son cercueil provisoire, on le soutient debout afin de simuler une déambulation et l'on se rend de cette manière à la sépulture permanente.
Certains villageois vous diront que les morts peuvent marcher grâce à des rites de magie noire, d'autres parlent d' une espèce d'hypnose pratiquée post-mortem.

Le cortège funèbre s’arrête sur le chemin de la sépulture, les femmes et les enfants retournent au village car ils ne sont pas admis à escorter le mort jusqu’au tombeau. Enveloppée dans un linceul rouge et or, la dépouille est hissée le long d’un échafaudage, tandis que l’on ouvre la porte du caveau de la famille.
Dans le cas de nos zombies, si quelqu'un l'aborde sur son parcours, il tombe et ne peut plus se remettre en marche, il est donc nécessaire qu'il soit guidé par des spécialistes qui préviendront les éventuels curieux de son passage.



Momie Toraja