mercredi 5 janvier 2011

"La femme à barbe" sur un poème érotique de Maupassant.


                                        
Jusepe de Ribera (1591-1652) a peint cette toile (La mujer barbuda) vers 1629-1631 (elle est exposée à Tolède en Espagne).  Il s'agit d'une commande du duc d'Alcala, qui souhaitait que le peintre travaille sur "une merveille de la nature".


Annie Jones nait en 1865 dans l'état de Virginie aux Etats-Unis


A neuf mois, elle est déjà dotée d'une pilosité exceptionnelle et est placée comme phénomène de foire chez Barnum par ses parents, elle est alors surnommée "L'enfant d'Esaü". A cinq ans elle a de la moustaches et des pattes, et elle est abondamment photographiée.


Elle sera kidnappée par un homme qui prétendra être son père. L'affaire se termina au tribunal, la jeune Annie ne reconnaissant pas cette personne. Cet événement lui procura une publicité inattendue



Clémentine Delait (1865 -1939), la plus célèbre ou du moins celle qui a sû vendre son image au mieux!
«J'avais une barbe magnifique, frisée, fournie qui s'épanouissait en double panache » «Comment ma barbe m'a poussé, je l'ignore ? Mais je peux vous assurer qu'à 18 ans, ma lèvre supérieure s'agrémentait déjà d'un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune » (Clémentine Delait)
Joséphine Clofullia-Boisdechêne (1831-1875)



L'hypertrichose est le symptôme d'un dérèglement hormonal qui se manifeste dans le cas qui nous préoccupe par une pilosité envahissante sur une partie du corps.
                                                         Baronne Sidonia de Barcsy
Dans certains cas, le sujet est dans l’obligation de se raser plusieurs fois par jour. Dans notre société où le poil féminin est un ennemi à abattre, cet excès de pilosité est un véritable handicap social et professionnel, plusieurs de ces femmes n'ont pas eu d'autres choix que de s'exhiber dans des attractions foraines.

                                                                            Delina Rossa
La femme à barbe, poésie érotique de Guy Maupassant

Quand le vilain paillasse eut finit sa parade

J'entrais, je vis alors debout sur une estrade

Une fille très grande en de pompeux atours

Que des gouttes de suif tâchaient comme des larmes

Raide ainsi qu'un soldat qui présente les armes

Elle avait le nez fort et courbé des vautours

Elle était pourtant jeune, une barbe imposante

Lui couvrait le menton, noire, épaisse et luisante



L'étonnement me prit puis je voulus savoir

Je l'invitais d'abord à dîner pour le soir

Elle y vint elle était habillée en jeune homme

Un frisson singulier me courut sur la peau

La fille était fort laide et cet homme assez beau

Moi je m'assis en face un peu timide et comme

Si j'allais me livrer à quelques accouplements

Monstrueux, je sentis me venir par moments



Regardant cette fille aux formes masculines

Un besoin tout nouveau de choses libertines

Des curiosités de plaisirs que l'on tait

Et des frissons de femme à l'approche du mâle

J'avais la gorge aride et mon cœur palpitait

Je me vis dans la glace et me trouvais très pâle

Ses malsaines ardeurs me troublaient malgré moi

Elle but comme un homme et se grisa de même



Et puis jetant ses bras à mon cou, "Viens je t'aime !

Mon gros chéri", dit-elle, allons-nous en chez toi

A peine fûmes-nous arrivé dans ma chambre

Elle ouvrit ma culotte et caressa mon membre

Puis se déshabilla très vite et deux boutons

D'une chair noire et sèche indiquaient ses tétons

Elle était jeune, maigre, efflanquée et très haute

Sa carcasse montrait les creux de chaque côte



Pas de seins, pas de ventre, un homme avec un trou

Quand j'aperçus cela, je me dressais debout

Puis elle m'étreignit sur sa poitrine nue

Elle me terrassa d'une force inconnue

Me jeta sur le dos d'un mouvement brutal

M'enfourcha tout à coup comme on fait d'un cheval

Dans un vagin sec elle inséra ma pine

Sa grande barbe noire ombrageait sa poitrine



Son masque grimaçait d'une étrange façon

Et je crus que j'étais baisé par un garçon

Rapide, l'œil brillant, acharnée et féroce

Elle allait, elle allait me secouant très fort

Elle m'inocula sa jouissance atroce

Qui me crispas les os comme un spasme de mort

Et puis tordue avec des bonds d'épileptique

Sur ma bouche colla sa gueule de sapeur



D'où je sentis venir une chaude vapeur

De genièvre mêlée au parfum d'une chique

Pâmée, elle frottait sa barbe sur mon cou

Puis soudain redressant sa grande échine maigre

Elle se releva disant d'une voix aigre

"Nom de dieu que je viens de tirer un bon coup !"