lundi 28 novembre 2011

Ballade avec "La Nonne Sanglante" de Charles Nodier

                                                           Sister Devil par Jake Kobrin


LA NONNE SANGLANTE. (Infernalia), par Charles Nodier

Un revenant fréquentait le château de Lindemberg, de manière à le rendre inhabitable. Apaisé ensuite par un saint homme, il se réduisit à n’occuper qu’une chambre, qui était constamment fermée. Mais tous les cinq ans, le cinq de mai, à une heure précise du matin, le fantôme sortait de son asile.

C’était une religieuse couverte d’un voile, et vêtue d’une robe souillée de sang. Elle tenait d’une main un poignard, et de l’autre une lampe allumée, descendait ainsi le grand escalier, traversait les cours, sortait par la grande porte, qu’on avait soin de laisser ouverte, et disparaissait.

Le retour de cette mystérieuse époque était près d’arriver, lorsque l’amoureux Raymond reçut l’ordre de renoncer à la main de la jeune Agnès, qu’il aimait éperduement.

Il lui demanda un rendez-vous, l’obtint, et lui proposa un enlèvement. Agnès connaissait trop la pureté du coeur de son amant, pour hésiter à le suivre : « C’est dans cinq jours, lui dit-elle, que _la nonne sanglante doit_ faire sa promenade. Les portes lui seront ouvertes, et personne n’osera se trouver sur son passage. Je saurai me procurer des vêtemens convenables, et sortir sans être reconnue ; soyez prêt à quelque distance.... » Quelqu’un entra alors et les força de se séparer.

Le cinq de mai, à minuit, Raymond était aux portes du château. Une voiture et deux chevaux l’attendaient dans une caverne voisine.

Les lumières s’éteignent, le bruit cesse, une heure sonne : le portier suivant l’antique usage, ouvre la porte principale. Une lumière se montre dans la tour de l’est, parcourt une partie du château, descend..... Raymond apperçoit Agnès, reconnaît le vêtement, la lampe, le sang et le poignard. Il s’approche ; elle se jette dans ses bras. Il la porte presque évanouie dans la voiture ; il part avec elle, au galop des chevaux.

Agnès ne proférait aucune parole.

Les chevaux couraient à perte d’haleine ; deux postillons, qui essayèrent vainement de les retenir, furent renversés.

En ce moment, un orage affreux s’élève ; les vents sifflent déchaînés ; le tonnerre gronde au milieu de mille éclairs ; la voiture emportée se brise.... Raymond tombe sans connaissance.

Le lendemain matin, il se voit entouré de paysans qui le rappelent à la vie. Il leur parle d’Agnès, de la voiture, de l’orage ; ils n’ont rien vu, ne savent rien, et il est à dix lieues du château de Lindemberg.

On le transporte à Ratisbonne ; un médecin panse ses blessures, et lui recommande le repos. Le jeune amant ordonne mille recherches inutiles, et fait cent questions, auxquelles on ne peut répondre. Chacun croit qu’il a perdu la raison.

Cependant la journée s’écoule, la fatigue et l’épuisement lui procurent le sommeil. Il dormait assez paisiblement, lorsque l’horloge d’un couvent voisin le réveille, en sonnant une heure. Une secrète horreur le saisit, ses cheveux se hérissent, son sang se glace. Sa porte s’ouvre avec violence ; et, à la lueur d’une lampe posée sur la cheminée, il voit quelqu’un s’avancer : C’est la _nonne sanglante_. Le spectre s’approche, le regarde fixement, et s’assied sur son lit, pendant une heure entière. L’horloge sonne deux heures. Le fantôme alors se lève, saisit la main de Raymond, de ses doigts glacés, et lui dit : _Raymond_, _je suis à toi ; tu es à moi pour la vie._ Elle sortit aussitôt, et la porte se referma sur elle.

Libre alors, il crie, il appelle ; on se persuade de plus en plus qu’il est insensé ; son mal augmente, et les secours de la médecine sont vains.

La nuit suivante la nonne revint encore, et ses visites se renouvellèrent ainsi pendant plusieurs semaines. Le spectre, visible pour lui seul n’était apperçu par aucun de ceux qu’il faisait coucher dans sa chambre.

Cependant Raymond apprit qu’Agnès, sortie trop tard, l’avait inutilement cherché dans les environs du château ; d’où il conclut qu’il avait enlevé la nonne sanglante. Les parens d’Agnès, qui n’approuvaient point son amour, profitèrent de l’impression que fit cette avanture sur son esprit, pour la déterminer à prendre le voile.

Enfin Raymond fut délivré de son effrayante compagne. On lui amena un personnage mystérieux, qui passait par Ratisbonne ; on l’introduisit dans sa chambre, à l’heure où devait paraître la nonne sanglante. Elle le vit et trembla ; à son ordre, elle expliqua le motif de ses importunités : religieuse espagnole, elle avait quitté le couvent, pour vivre dans le désordre, avec le seigneur du château de Lindemberg : infidèle à son amant, comme à son Dieu, elle l’avait poignardé : assassinée elle-même par son complice qu’elle voulait épouser ; son corps était resté sans sépulture et son âme sans asyle errait depuis un siècle. Elle demandait un peu de terre pour l’un, des prières pour l’autre. Raymond les lui promit, et ne la vit plus.

                                                                    Black Nun

Andrea Mantegna

Les nonnes de Clovis Trouille





Lindsay Lohan en nonne

La nonne fétichiste

La nonne en Digital Art




Santa de las Mujeres de Juarez par Cate Rangel

Nun The Less par *chrisohoski

The Nun par QueerAngel8900 (Photomanipulation et surréalisme)

Zombie nun - Bad habit' par ZephyrChef

La nonne chez Ziegfeld Follies

samedi 26 novembre 2011

Mannequins anatomiques ou poupées de diagnostic européennes

          Manequins anatomiques européens, d'un homme et d'une femme enceinte datant du 17ème siècle


Entre 1500 et 1800,  les anatomistes avaient peu de sujets disponibles pour la dissection, les connaissances anatomiques basées sur la dissection humaine  étaient diffusées essentiellement parmi l'élite instruite de l'Europe, sous la forme de livres, de gravures sur cuivre et de conférences dans les universités, les musées et les bibliothèques.

Mais les connaissances anatomiques étaient également diffusées dans les milieux moins privilégiés grâce à certaines publications moins onéreuses et aux "mannequins anatomiques" sculptés dans l'ivoire et le bois.

Les mannequins mesuraient entre 15 et 18 cm, ils sont confectionnés à partir de morceaux d'ivoire.
Certains éléments étaient sculptés séparément et sont amovibles.
Les parois thoraciques et abdominales peuvent être retirées, révélant les viscères.

Ils représentaient également la différence physique entre hommes et femmes, bien que souvent ils incarnaient des femmes enceintes.

Souvent ces figurines aidaient les médecins et les sages-femmes en tant "poupées de diagnostic", facilitant ainsi le travail de recherche.

La plupart des photos proviennent de l' "Alabama Museum of the Health Sciences, The University of Alabama at Birmingham".


France, Germany and Italy, ca. 1500-1700. Carved ivory





Allemagne XVIIIème
(Thomas Jefferson University Archives collection)

mardi 22 novembre 2011

Life Blood par John Ross


J'ai découvert tardivement cette série de photographies qui date de 2007, Mark Farrow a conçu ses oeuvres d'art photographiées par John Ross.
Une de ces photos figure sur l’album LifeBlood des Manic Street Preachers.
Le site de l'artiste
http://www.johnross.co.uk/





lundi 21 novembre 2011

La porte des Enfers et le parcours initiatique des Jardins de Bomarzo

                                                        La porte des Enfers (La bouche de l'Enfer)

Tête d'un ogre sur la lèvre supérieure duquel est inscrit « Toute pensée s'envole» (Ogni pensiero vola) aussi appelé la Porte des enfers (faisant clairement référence à l'Enfer de Dante) avec sa bouche ouverte monumentale qui permet aux visiteurs d'entrer se reposer - paradoxalement - au frais.

                                                                   

Les Jardins de Bomarzo, appelés aussi Parc des monstres (Parco dei Mostri en italien) sont situés au nord de Rome, dans la commune de Bomarzo. Reposant au coeur d'un vallon boisé, des colosses monolithes indiquent les étapes d’un parcours initiatique tracé quatre siècles plus tôt par Vicino Orsini.

Peuplés de sculptures grotesques et étranges représentant de nombreux animaux, fantastiques ou réels et de petits bâtiments répartis au gré de la végétation naturelle, ces jardins merveilleux inspireront de nombreux artistes surréalistes dont Cocteau ou encore Salvador Dali, ils sont considérés comme les jardins les plus extravagants de la Renaissance italienne.

Les jardins évoquent à maints égards certains épisodes d’œuvres baroques apparentées au Songe de Polyphile de Francesco Colonna, au Floridante de Bernardo Tasso ou au Roland furieux de l’Arioste, comme le suggèrent les inscriptions initiatiques gravées dans la pierre qui jalonnent le parcours dès l’entrée.



" O toi qui entres ici
et qui par l'Esprit
t'appliqueras à comprendre
du commencement à la fin
ce qu'il verra
dis- moi si tant de merveilles
ont été faites pour t'égarer
ou bien pour l'Art."

(Inscriptions que l'on peut lire sur les socles des deux Sphinx)


" Qui ne va par là
les yeux grands ouverts
et les lèvres serrées
ne pourra admirer
les plus fameuses merveilles. "

Hercule et Caccus
" Toi qui as passé les épreuves, tu entres dans le domaine du Rêve."

                                                                     Sirène

Cerbère le gardien des Enfers

                                                                        Neptune



                                                                   


NOSCE IPSUM VINCE TE IPSUM VIVE TIBI IPSI SIC ERIS FELIX
Connais-toi, conquiers-toi, vis pour toi-même et tu seras heureux



                                                          Vue de la Maison oblique

Exploit architectural, cette maison reproduit l'inclinaison de la Tour de Pise. Elle pourrait représenter métaphoriquement le danger.


                                                                 Harpie

                                                                   L'éléphant d'Hannibal




samedi 19 novembre 2011

Entre reliquaires et revolvers avec Al Farrow


Entre reliquaire et revolvers avec Al Farrow

Al Farrow est un sculpteur de talent originaire du Nouveau-Mexique et basé désormais dans la région de San Francisco. Son oeuvre est vaste et variée.
Je vous invite à la découvrir à travers son site :
http://www.alfarrow.com/

Personnellement, J'ai été ravie de découvrir ses sculptures réalisées à l'aide d'armes à feu et de munitions.

C'est avec génie que l'artiste nous rappelle dans ses oeuvres que la religion a joué un rôle majeur dans les plus grands conflits de l'histoire.