mardi 16 juillet 2013

Duchenne de Boulogne, neurologue et photographe

Guillaume-Benjamin Duchenne déclenchant une expression de frayeur par la stimulation électrique.

Guillaume-Benjamin Duchenne, surnommé Duchenne de Boulogne (17 septembre 1806 à Boulogne-sur-Mer - 15 septembre 1875 à Paris), est un médecin neurologue français. C'est l’un des plus grands cliniciens du dix-neuvième siècle, il est le fondateur de la neurologie.

Il fait ses études secondaires à Douai, étudie la médecine à Paris et retourne en 1831 dans sa ville natale pour y exercer sa profession. En 1833, il expérimente l'usage thérapeutique de l'électricité sur les pêcheurs. En 1842, il s'établit à Paris où il passe le reste de sa vie à développer les applications cliniques de l'électricité. Médecin sans statut hospitalier officiel, il impressionne par la rigueur de ses expériences, ce qui lui vaut de la part de Jean-Martin Charcot le titre de « maître ».

Duchenne est un pionnier dans l’utilisation de l’électricité comme instrument d'expérimentations physiologiques. L’usage du courant alternatif lui permet de stimuler avec précision un seul faisceau musculaire à la fois. Grâce à cette technique, il décrit plusieurs affections et localise leur origine, comme c’est le cas d’une forme d’atrophie musculaire qui porte aujourd’hui son nom, (la myopathie de Duchenne), et du tabès. Il travaille également sur la poliomyélite, individualise pour la première fois chacun des muscles de la face et inaugure la technique de la biopsie en inventant un instrument permettant de prélever des échantillons de tissu à l'intérieur du corps.

Ses expérimentations électriques lui permettent de conclure qu'un vrai sourire de bonheur est formé non seulement par les muscles buccaux mais aussi par les muscles oculaires. De tels sourires « authentiques » sont nommés « sourires de Duchenne » en son honneur.
Sa grande originalité est d'avoir aussi eu un souci artistique. Photographe, il a méticuleusement recensé toutes les expressions possibles du visage en se servant comme modèle, ou cobaye, d'un homme aux traits paralysés. C'est à l'aide de l'électricité que les expressions étaient obtenues.

Stimulation électrique de profil.

Guillaume-Benjamin Duchenne et son patient





 Deux expressions de Lady Macbeth - "Le mécanisme des droits de physiognomonie", 1862

Planches de" la Mécanisme de la physionomie humaine" de Guillaume-Benjamin Duchenne montrant une série d'expressions faciales déclenchées par des stimulations électriques


"Lorsque l’âme est agitée, la face humaine redevient un tableau vivant »(Guillaume Duchenne de Boulogne)



La pièce maîtresse de l'histoire de l'électrothérapie et ses accessoires, le troisième appareil du Dr Duchenne de Boulogne, un des pionniers de l'électrologie médicale, construit par Deleuil à Paris vers 1855. C'est une machine magnéto-électrique à double courant inspirée de celle de Clarke.


jeudi 11 juillet 2013

La Dissection des Âmes par Elisandre


Un plongeon au cœur des tourments les plus obscurs avec ces sept nouvelles pour un voyage au pays de la nécrophilie, de la folie, du cannibalisme et de la sorcellerie.

Table des matières :
- Le Nécrophile
- L'Antre de la souffrance expiatoire
- Cire Roverac le Nécromant
- La Belle et la Bête - Le Confessionnal
- Eloge de la Cupidité
- Eloge de la Gourmandise.

Prix : 9 euros

Chez Lulu : http://www.lulu.com/shop/elisandre/la-dissection-des-âmes/paperback/product-21046396.html
Chez Amazon : http://www.amazon.fr/La-Dissection-Âmes-Elisandre/dp/1291437401/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1371458263&sr=8-1&keywords=la+dissection+des+âmes

Euphonia la tête parlante de Joseph Faber


Joseph Faber (1800 - 1850),  immigrant allemand aux Etats-Unis, mit 17 ans pour construire une machine à parler, sorte d'automate appelé Euphonia.
Celle-ci pouvait même chuchoter et chanter "Good save the queen, elle pouvait également tenir une conversation dans n'importe quel langage européen. Elle fut la machine à parler la plus complexe jamais créée pour cette époque.

L'inventeur l'exposa pour la première fois à New York début 1844 mais ce fut un échec. Il se rendit ensuite à Philadelphie où la réception fut pire encore. Dans un accès de désespoir, il la détruisit. Si le public se montrait incapable d'apprécier son invention, d'éminents scientifiques montrèrent le plus vif intérêt. En décembre 1845, Faber reconstruisit sa machine et le physicien américain Joseph Henry décida d'y jeter un oeil, histoire de vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un numéro frauduleux de ventriloquie pour public crédule, comme c'était souvent le cas. Henry fut séduit par l'ingéniosité de la machine qui reproduit le plan «des organes humains du discours, les différentes parties étant assurées par des cordes et des leviers au lieu des tendons et des muscles», écrit-il à l'un de ses anciens étudiants

Ce fut Barnum qui la rendit célèbre. Il la présenta à l'Egyptian Hall de Londres en 1846 et fit partie pendant quelques décennies du répertoire de Barnum.

Une voix sépulcrale rauque sortait de la bouche de la figure, comme si elle venait du fond d'une tombe. On aimait faire croire aux visiteurs estiment le coffre contenait un prisonnier humain - soit une moitié - soit l'entièreté, forcé à parler lentement parce qu'il était tourmenté par une puissance invisible.

Perché sur une table face au public, l'automate s'adresse à l'audience.
"Veuillez excuser ma lente prononciation, bonjour mesdames et messieurs. Il fait chaud. Le temps est pluvieux.» Après ces salutations, la foule pouvait demander à la tête parlante de répéter ce qu'elle souhaitait. Et la tête était capable de prononcer des mots aussi ardus que Mississippi, Massachusetts ou Xérès

Comment fonctionnait l'ingénieuse machine ? Derrière la figure, un grand soufflet envoie de l'air dans une série de mécanismes complexes imitant les poumons, le larynx et la langue humaine. Joseph Faber, taciturne bonhomme à lunettes et au crâne dégarni, l'activait par des pédales et deux claviers qui régulaient le passage de l'air permettant de produire des consonnes et des voyelles.

Pour ce faire, l'ingénieur avait construit une enceinte en caoutchouc avec deux compartiments séparés. Un soufflet menait à l'un des côtés où une anche d'ivoire donnait la tonalité à l'air. Dans la seconde partie, se trouvait une série de six plaques de métal coulissantes qui avaient des ouvertures de formes variées à leurs extrémités. Quand ces plaques étaient soulevées ou rabaissées, elles créaient un courant d'air finement nuancé. L'air atteignait ensuite la cavité buccale, inspirée de l'anatomie humaine, qui comportait une langue en ivoire et un palais, une mâchoire inférieure et des joues en caoutchouc. Les différentes composantes étaient connectées à un clavier avec 16 touches pour créer les phonèmes de base et une 17e pour la glotte.

Pourtant un jour, toujours à Londres, l'éducateur Melville Bell (futur père d'Alexandre Graham Bell, inventeur du téléphone) s'intéressa à cette machine, il travaillait à un alphabet phonétique, censé aider les sourds à parler. L'inventeur, impressionné par l'outil de Faber incita son fils des années plus tard à construire sa propre machine parlante, ce qu'il fit avec succès. Les efforts de Graham Bell pour simuler le discours humain en construisant des mécanismes similaires à ceux de Faber finirent par l'amener à la modulation du courant électrique.





Les plus anciennes machines parlantes étaient pourtant regardées d'un mauvais oeil, oeuvre hérétique de magiciens défiant Dieu. Au XIIIe siècle, le philosophe Albertus Magnus aurait ainsi créé une tête capable de parler, abomination aussitôt détruite par Thomas d'Aquin, un de ses anciens étudiants. Fin XVIe et début XVIIe, l'écrivain Cervantes décrit une tête qui parle à Don Quichotte, avec l'aide d'un tuyau relié à l'étage du dessous. Des escroqueries assez répandues alors. Il faudra attendre encore un siècle, celui des Lumières, pour que «la science commence à se détacher de ses liens avec la magie et que les inventeurs tentent de reproduire le langage artificiel par des moyens plus mécaniques», conclut Lindsay.


A Paris en 1783, l'abbé Mical produit deux têtes parlantes rudimentaires qui échangeaient un ensemble de phrases toutes faites à la louange du roi.