Pan, par Leconte de Lisle (Poèmes Antique)
Pan d’Arcadie, aux pieds de chèvre, au front armé
De deux cornes, bruyant, et des pasteurs aimé,
Emplit les verts roseaux d’une amoureuse haleine.
Dès que l’aube a doré la montagne et la plaine,
Vagabond, il se plaît aux jeux, aux chœurs dansants
Des Nymphes, sur la mousse et les gazons naissants.
La peau du lynx revêt son dos ; sa tête est ceinte
De l’agreste safran, de la molle hyacinthe ;
Et d’un rire sonore il éveille les bois.
Les Nymphes aux pieds nus accourent à sa voix,
Et légères, auprès des fontaines limpides,
Elles entourent Pan de leurs rondes rapides.
Dans les grottes de pampre, au creux des antres frais,
Le long des cours d’eau vive échappés des forêts,
Sous le dôme touffu des épaisses yeuses,
Le Dieu fuit de midi les ardeurs radieuses ;
Il s’endort ; et les bois, respectant son sommeil,
Gardent le divin Pan des flèches du Soleil.
Mais sitôt que la Nuit, calme et ceinte d’étoiles,
Déploie aux Cieux muets les longs plis de ses voiles,
Pan, d’amour enflammé, dans les bois familiers
Poursuit la vierge errante à l’ombre des halliers,
La saisit au passage ; et, transporté de joie,
Aux clartés de la lune, il emporte sa proie.
A l’origine dieu des bergers, Pan est aussi une divinité musicienne dont un des attributs est la syrinx, une flûte de roseau.
Pan par Arnold Böcklin, 1863
Pan par Arnold Böcklin, 1859
Pan et la Nymphe par Arnold Böcklin
"Comme elle revenait des hauteurs du Lycée, Pan la voit, et, la tête hérissée d’une couronne de pin, il lui adresse ces paroles…Il restait à Mercure à rapporter ces paroles, à raconter la fuite de la nymphe, dédaigneuse des prières de Pan, jusqu’à ce qu’elle atteigne le Ladon, dont les eaux coulent paisiblement sur son lit de sable. Comment, là, les ondes arrêtant sa course, elle avait prié les nymphes des eaux, ses sœurs, de la métamophoser ; et comment Pan, qui se croyait déjà le maître se Syrinx qu’il venait de saisir, au lieu du corps de la nymphe, n’avait plus tenu que des roseaux palustres ; comment, alors qu’il exhalait ses regrets, le roseau, au souffle du vent, avait rendu un son ténu, tout semblable à une plainte. Le dieu, charmé par la nouveauté de cet art et la douceur de ces accents : « C’est ainsi que mon entretien avec toi, avait-il dit, se perpétuera.» Et c’est ainsi que, grâce aux roseaux inégaux, assemblés entre eux et retenu par la cire, il avait conservé le nom de la jeune fille" (Métamorphoses d'Ovide)
Pan et Syrinx - Le sujet est tiré des Métamorphoses d’Ovide.
Mais Pan représente également le désir et la volupté.
D’après Hérodote, le culte de Pan a pris naissance en Egypte où il était courant d’adorer le bouc.
L’expression "démons en forme de bouc" utilisée dans la Bible est peut-être une allusion à cette forme de culte païen : (Lévitique 17:7) "Ils n’offriront plus leurs sacrifices à ces satyres (aux faux dieux représentés sous forme de boucs; aux démons en forme de boucs) à la suite desquels ils se prostituaient."
Pan et Midas
Pan, Midas et Apollon
A partir de ce jour, Midas afin de cacher son infirmité, porta jour et nuit un bonnet conique maintenu par deux bandeaux. (Le célèbre bonnet Phrygien)......
Pan par José-Maria de Heredia
À travers les halliers, par les chemins secrets
Qui se perdent au fond des vertes avenues,
Le Chèvre-pied, divin chasseur de Nymphes nues,
Se glisse, l’œil ardent, sous les hautes forêts.
Il est doux d’écouter les soupirs, les bruits frais
Qui montent à midi des sources inconnues
Quand le Soleil, vainqueur étincelant des nues,
Dans la mouvante nuit darde l’or de ses traits.
Une Nymphe s’égare et s’arrête. Elle écoute
Les larmes du matin qui pleuvent goutte à goutte
Sur la mousse. L’ivresse emplit son jeune cœur.
Mais, d’un seul bond, le Dieu du noir taillis s’élance,
La saisit, frappe l’air de son rire moqueur,
Disparaît… Et les bois retombent au silence.
Pan et Daphnis
Cette tasse de bois noire comme un pépin,
Où j'ai su d'une lame insinuante et dure,
Sculpter habilement la feuille du raisin
Avec son pli, ses noeuds, sa vrille et sa frisure,
Je la consacre à Pan en souvenir du jour
Où le berger Damis m'arrachant cette tasse,
Après que j'y eus bu, vint y boire à son tour
En riant de me voir rougir de son audace.
Ne sachant où trouver l'autel du dieu cornu
Je laisse mon offrande au creux de cette roche . . .
Mais maintenant mon coeur a le goût continu
D'un baiser plus profond, plus durable et plus proche . . .
Anna de Noailles.
.Pan par Arnold Böcklin, 1875