En 1861, Nadar consacre trois mois à photographier les catacombes et les égouts de Paris grâce à un puissant dispositif d’éclairage artificiel qu’il vient de mettre au point. Dans son autobiographie, quarante ans plus tard, il raconte la prouesse technique que représente alors une telle entreprise, sans manquer de mettre complaisamment en scène la signification de cette présence inédite du photographe au "noir rendez-vous de l’immense néant" : "Nous allions pénétrer, révéler les arcanes des cavernes les plus profondes, les plus secrètes". Rendre visible l’invisible, donc, et montrer comme en plein jour ce qui se dérobe au regard sous le pas des citadins et les roues des calèches : la mort grouillante des anciennes catacombes et, figure ambiguë de la modernité, le sombre méandre des boues qui déferlent sous Paris."
Voici pour commencer la série des "ouvriers des catacombes de Paris".
Pour réaliser ces photos, Nadar a utilisé une lampe au magnésium, visible dans le coin inférieur droit de l'image.
"Six ou de sept millions de squelettes ont été inhumés dans les catacombes. Pendant que Nadar a réalisé cette série d'une centaine de photographies dans les catacombes, deux de ses amis bien-aimés sont décédés. Le photographe semble avoir exploré sa propre mortalité quand il s'est engagé dans cette série, mais à l'époque cela représentait aussi un défit à la mode de descendre dans ces profondeurs macabres.
Au milieu du dix-neuvième siècle à Paris, il n'y avait que quatre jours de visites annuelles dans les catacombes" (J Paul Getty Museum)
1861
1861
1861-1862