Henri Martin, Paolo di Malatesta et Francesca da Rimini aux Enfers, 1883 - Musée des Beaux-Arts, Carcassonne.
Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, par Ary Scheffer, 1835
L'Âme de Paolo et Francesca, par Gustave Doré
Paolo et Francesca sont deux figures d'amants entrés dans l'imaginaire sentimentale populaire en devenant l’image par excellence de la passion amoureuse. Ces deux personnages n'appartiennent pas seulement à la littérature, mais aussi à l'histoire car Paolo Malatesta et Francesca da Rimini ont réellement vécu au Moyen Âge.
Les deux jeunes amants sont immortalisés dans le Chant V de l’Enfer de La Divine Comédie de Dante qui transforma cette tragédie en véritable mythe, croisant les thèmes populaires de l’amour interdit et de la damnation éternelle.
Paolo et Francesca ( Dante, Enfer chant V,
88-142, traduction par A. Pézard)
(…)
« O créature gracieuse et bénigne,
qui vas cherchant dans les pourpres ténèbres
nous autres dont le sang teignit la terre,
si nous étions en grâce au roi des cieux,
nous le prierons de t’accorder sa paix
pour la pitié que tu as de nos peines.
De tout ce qu’il vous plaît ouïr et dire
nous parlerons à vous et entendrons,
puisqu’en ce point le vent semble se taire.
Sur la marine où descend et s’apaise
le Po suivi d’un large train de fleuves
est assise la ville où je fus née ;
Amour qui tôt s’enflamme en gentil cœur
éprit cestui des beautés qui me furent
arrachées ; et sa force encor me blesse.
Amour qui onque à l’aimé ne fait grâce
d’aimer aussi, aux plaisances de lui
me prit si fort qu’encore n’en suis quitte.
Amour nous conduisit à même mort :
Caïne attend celui qui nous meurtrit »
Ce dit la voix qui pour les deux parlait.
Quand j’eus ouï ces âmes offensés,
tant longuement restai-je le front bas
qu’enfin mon maître dit : « Que songes-tu ? »
Quand me revint la voix : « Las ! » murmurai-je,
« combien de doux pensers, quel haut désir
mena ceux-ci au douloureux trépas ! »
Puis à eux me tournai, voulant répondre,
et commençai : « Françoise, tes martyres
me font triste à pleurer piteuses larmes.
Mais dis : en la saison des doux soupirs,
à quel signe et comment permit Amour
que connussiez vos incertains désirs ? »
Et elle à moi : « Il n’est plus grand douleur
que de se remembrer les jours heureux
dans la misère ; et ton docteur le sait.
Mais si tu as affection tant vive
à suivre notre amour dès la racine,
bien sais-je l’art de pleurer et de dire.
Ensemble, un jour, nous lisions par plaisance
de Lancelot, comme Amour l’étreignit :
seulets étions, et sans soupçons de nous.
A plusieurs coups nous fit lever les yeux
cette lecture et pâlir le visage ;
mais seul un point fut ce qui nous vainquit.
Quand la riante lèvre et désirée
vîmes baiser par un si preux amant,
cestui, dont il n’est sort qui me délie,
la bouche me baisa, tremblant d’angoisse.
Galehaut fut le livre et son trouvère :
et ce jour-là ne lûmes plus avant. »
Tandis que ce disait l’une des ombres,
l’autre pleurait ; si bien que de pitié
je pâmai, cuidant la mort sentir ;
et chus, comme corps mort à terre tombe.
Dante, Virgile observant Paolo et Francesca par Giuseppe Frascheri en 1846
La mort de Paolo et Francesca par Alexandre Cabanel, 1870
Triptyque de Dante Gabriel Rossetti, "Paolo and Francesca da Rimini", 1855
George Frederic Watts, 1875
Le Cercle des luxurieux (1824-1827) est une aquarelle de William Blake représentant Francesca da Rimini et Paolo Malatesta