Le Conseil de Sang
magia voluptuosa luxuriosae labis
Félix Labisse (9 mars 1905 à Marchiennes - 29 janvier 1982 à Neuilly-sur-Seine) est un peintre français lié au mouvement surréaliste, auquel il n'a jamais adhéré totalement.
Il meurt, en 1982, à l'âge de soixante-seize ans et est inhumé au cimetière de Douai.
Mère Jeanne des AngesLe Colloque de Loudun
Son œuvre de maturité, placée sous le signe de la métamorphose, explore les frontières du fantastique, du rite, de la magie ou de l’érotisme. Ses personnages féminins aux corps lascifs, aux formes lisses et aux couleurs crues, évoluent dans un monde étrange et intemporel. Vers les années 1960, apparaissent dans sa peinture les premières femmes bleues, notamment dans le célèbre Bain Turquoise.
Armide
La Papesse Jeanne
« […] Peintre extraordinaire, vos accents déchirants déforment des femelles dominées par l’effroi, longues amoureuses minables aux doigts interminables, […], femmes collantes, gommeuses, arabiques des écoles périmées. Rosières comestibles assassines désorbitées des fortifs déclassés, iroquoises batailleuses.
Et des peintres goulus, arachnéens avides de proies, hurlent à l’unisson et de concert : «Gare à toi, Félix, oiseau bleu, papillon téméraire, tu as frôlé nos toiles bien tendues, enduites de saccharine et tissées de fil frais».
Je vous salue, Félix, plein de grâce […] ».
Charlotte Corday
L’ABC de la récitante, par Paul Eluard.
à Félix Labisse.
Je compte sur mes yeux un et deux dira-t-elle
Pour voir ce que doit voir l’affalée que je suis
Couchée et nue et chaude au pied du haut miroir
Et mouillée comme un nouveau-né je me pourlèche
Je compte sur mes doigts un deux trois dira-t-elle
La multiplication de mes soupirs profonds
Le sac de mes désirs s’entr’ouvre sur le lit
Et j’ai le plein soleil dedans avec mon rouge
Entrée des Vierges Sages
Je compte sur mon sexe et mes fesses pour tendre
Un piège au plus prudent et à la plus prudente
J’ai du goût pour chacun mais je me tiens en moi
Tapie comme l’alcool dans la main d’un ivrogne
Le Baptême du Sang
Mes aspects sont variés j’ai des poils j’ai des plumes
Et l’écorce d’un arbre augmente ma peau brune
J’ai de la terre au creux de ma faim je me love
Comme un fleuve sans eau où les baigneurs se noient
Le rendez-vous sur le Bloksberg
La Visiteuse
Mes talents sont nombreux je sais singer la bête
Et m’alléger d’aurore tout comme une alouette
Je sais faire pleurer les plus indifférents
Et rire bêtement ceux qui se croient malins
Bérénice
J’ai des griffes des crocs j’ai des lèvres d’écaille
Et des lèvres de soie et de miel et de glu
Pour enrober l’azur et sa salive fade
Ma langue sur les bords de la chair se dévoue
La Locuste
Je caresse mes fruits débordants de science
Qui donc pourrai régner hors de mon cœur total
Je sais tout et j’apprends à oublier je tresse
Une énorme couronne à mon ventre à mon sang