mercredi 26 janvier 2011

Satan mélancolique par Jean-Jacques Feuchère

Jean-Jacques Feuchère est un sculpteur français né en 1807 et décédé en1852.

Feuchère représente un Satan bien mélancolique, replié à l’abri de ses ailes, le menton négligemment appuyé sur la main. La statuette illustre avec virtuosité la prédilection des artistes romantiques pour la figure de l’ange déchu, si proche de l’homme par sa faillibilité. Il en vient à symboliser l’artiste lui-même qui, par ses œuvres, défie lui aussi le Créateur.


Loin d’être une créature monstrueuse ou repoussante, le Satan de Feuchère a une apparence très humaine, un beau corps musclé et un visage dont la tristesse pensive suscite la pitié plus que la réprobation. Il est assez proche de l’image qu’en donne Delacroix dans un dessin de 1827, Méphistophélès dans les airs (Paris, BNF), destiné à illustrer le Faust de Goethe. Assis, enveloppé dans ses ailes, la tête penchée, il appuie son coude gauche sur la cuisse, le menton posé dans la paume de la main, et tient son épée brisée dans la main droite. Sa pose s’inspire sans doute de la célèbre gravure de la Mélancolie de Dürer, dont l’artiste possédait un exemplaire. Feuchère y adjoint un sens décoratif du détail, rivalisant avec les gargouilles médiévales : front surmonté de cornes, nez crochu, oreilles démesurées, pieds griffus, sorte d’épine dorsale partant du haut de la tête comme chez certains reptiles…
Pensive Satan, Jean-Jacques Feuchere 1833 - USA McNay Museum - San Antonio

On connaît plusieurs exemplaires du Satan, presque tous datés de 1833 (l’année précédant la présentation de l’œuvre au Salon). Le goût pour les petits bronzes se développe dans les années 1830 et le commerce de statuettes d’édition devient florissant.
Vase aux chauves-souris

Feuchère, issu d’une famille de bronziers, n’avait pas le culte de l’œuvre originale et il contribua à la vulgarisation de ses créations. Sculptant beaucoup pour les arts décoratifs, il plaça l’exemplaire du Louvre sur une pendule, créa une paire de vases aux chauves-souris pour l’encadrer, pour former une garniture de cheminée. (Musée du Louvre)