Je ne peux que vous convier à visiter le site de ce photographe dunkerkois dont les travaux variés sont à découvrir : http://www.eric-keller.com/
Wunderkammer
"En visitant le musée municipal, j’ai découvert, installée à la croisée des allées de sombres tableaux de maîtres flamands – telle une princesse empoisonnée, assoupie dans sa châsse de cristal au milieu d’une clairière – la momie d’une jeune prophétesse perse.De cette rencontre inattendue, je garde le souvenir de sentiments de répulsion et d’attirance mêlés.
La vue de ce corps à la chair desséchée, plus impressionnant qu’un squelette, était cauchemardesque, avec sa peau parcheminée, enduite de goudron et tachetée de restes de feuille d’or.
Cependant, je ne pouvais m’empêcher de trouver émouvants ces crins filasses, qui avaient dû, jadis, s’étaler en mèches souples et luisantes, et encadrer un visage charmant.
J’en contemplais le rictus calciné, les rides effrayantes découvrant un sourire obscène de goule.
Le cadavre reposait tel qu’on l’avait trouvé, allongé sur un lit de feuilles séchées, précieuses comme des joyaux éparpillés.
Penché sur le cercueil de verre, je songeais à l’existence de cette déesse païenne, à ses rituels et à ses chants, à ses transes divinatoires.
Une Sibylle de l’âge de bronze privée de sépulture."(Eric Keller)
"J’ai un goût prononcé pour les objets empreints de magie, composés de fibres de végétaux, de cheveux, d’os, de crânes d’animaux noircis par la fumée, incrustés de boue séchée, qui proviennent d’Afrique ou d’Océanie. Symboles païens, animistes, talismans, amulettes, fétiches, totems. Ceux la même qui, malgré la protection de la vitrine d’exposition d’un musée, dégagent des fluides puissants, évocateurs d’arcanes oubliés, de rites sauvages, de cérémonies venues du fond des âges."
"Je me demande parfois à quoi ressembleraient mes photographies si j’étais né ailleurs qu’à Dunkerque.
Mes grands parents paternels étaient polonais, immigrés en France au début des années 30. Aujourd’hui encore, je me souviens des légendes de Pologne, d’Ukraine, de Lituanie, d’aventures vécues dans leur enfance aussi, qu’ils me contaient dans un français ponctué d’expressions dans leur langue natale. Leur accent enrobait leurs histoires d’un mystère supplémentaire."(Eric Keller)