Dans l'espace d'un film, commandé par le vicomte Charles de Mailles, Jean Cocteau dresse le portrait intérieur d'un poète. Il y développe sa mythologie la plus intime dans une série d'allégories qui évoquent toutes ses hantises : la plongée dans le miroir, une statue en marche, la présence d'un ange noir de la mort, une boule de neige meurtrière…
Transposition poétique de ses recherches cinématographiques, le texte du Sang d'un poète démontre, selon Cocteau, que le caractère concret de l'image filmée, loin de brider les débordements de l'imaginaire, en suscite au contraire l'expansion.
On ne peut qu'admirer les séduisantes images surréalistes de Jean Cocteau, qui nous renvoient au duo Bunuel et Dali.
"Le Sang d’un poète « n’est qu’une descente en soi-même, une manière d’employer le mécanisme du rêve sans dormir [...]. Les actes s’y enchaînent comme ils le veulent, sous un contrôle si faible qu’on ne saurait l’attribuer à l’esprit. Plutôt à une manière de somnolence aidant à l’éclosion de souvenirs libres de se combiner, de se nouer, de se déformer jusqu’à prendre corps à notre insu et à nous devenir une énigme. » (La Difficulté d’être, p. 891). Pour résumer : le film n’a pas de sujet, ce sont des événements irréels liée ensembles par le sang d’un poète qui coule tout au long du film. « Le style y importe plus que l’anecdote »